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Philippe BONNET, président du Parti de la Nation Occitane, nous propose sa vision pour la gestion des retraites, dans le cas où nous aurions la responsabilité de cette gestion. Ce texte est mis à la discussion des amis et adhérents. 

 

Lo copa cap de las retiradas ( Le casse-tête des retraites )

Le Sénat et l’Assemblée Nationale ont voté respectivement le 26 et le 27 octobre dernier la nouvelle loi sur les retraites, dans un climat tendu de mouvements sociaux. Reste encore la promulgation de cette loi qui ne devrait pas tarder.

Les principales dispositions de cette réforme sont :

- le recul de l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans contre 60 actuellement,

- le relèvement progressif de 65 ans à 67 ans de l’âge légal pour percevoir sa retraite à taux plein,

- la durée de cotisation pour percevoir une retraite à taux plein passera de 40,5 ans actuellement à 41 ans en 2012

- l’alignement du taux de cotisation des fonctionnaires sur celui des salariés du privé.

Ce taux sera progressivement relevé de 7,85 % à 10,55%,

- la prise en compte de la pénibilité du travail avec un départ anticipé possible à 60 ans

-la prise en compte des « carrières longues » avec la possibilité d’un départ à la retraite à partir de 58 ans (contre 56 actuellement) pour les salariés qui pourront justifier d’une durée de cotisation de 2 ans supérieure à celle nécessaire pour atteindre le taux plein (41 ans en 2012)

- la reconduction d’aménagements spéciaux pour les mères de plus de 3 enfants et les parents d’enfants handicapés. Celles-là et ceux-ci continueront à bénéficier de la retraite à taux plein à partir de 65 ans.

Cette réforme tend vers l’harmonisation de la pratique générale européenne puisque le seuil légal de départ à la retraite est généralement de 65 ans en Europe.

Cette réforme n’est pas la panacée.

D’abord elle est impopulaire car il est demandé de travailler plus longtemps, d’autre part elle présente un grave bémol : l’allongement de la durée du travail réduit forcément la part de travail et contribue donc à créer du chômage.

Néanmoins une réforme des retraites était justifiée à cause du vieillissement de la population.

En 1946, 16% de la population était âgée de plus de 60 ans, on prévoit que la part des plus de 60 ans sera de 35% en 2050.

En 1960 il y avait 4 actifs pour un retraité, en 2000 on était à 2 actifs pour un retraité, on prévoit qu’en 2040 le rapport sera d’un actif pour un retraité (source : Conseil d’Orientation des Retraites).

Dans la mesure où le rapport démographique (rapport de la population active à la population inactive) diminue, le financement des retraites est mis en péril.

Il est prévisible que la réforme actuelle s’avèrera prochainement insuffisante. D’ailleurs, de plus en plus d’économistes envisagent la nécessité d’un système de retraites par capitalisation.

Quelle position devons-nous tenir, nous-autres nationalistes occitans ? Les enjeux du débat, en plus d’être économiques, sont idéologiques et politiques.

Les nationalistes occitans doivent garder en vue l’intérêt suprême des occitans. Il est à préférer pour l’Occitanie le système de retraite par répartition qui repose sur la conception d’une société et d’une économie solidaires.

Ce système par répartition s’appuie sur le principe de la redistribution qui diminue les inégalités sociales.

Le système de retraite par capitalisation qui s’appuie, lui, sur une conception individualiste n’est pas dépourvu de risques et d’inconvénients pour l’individu qui ne serait pas en mesure d’apporter des efforts suffisants de cotisations. Ce système par capitalisation fabrique de l’injustice sociale.

De plus, nous devons souhaiter, pour l’Occitanie, une simplification des régimes de retraites, une sorte de fusion des différents régimes regroupés au sein d’une Caisse Nationale Occitane des Retraites qui assurerait un socle commun de garanties et de droits pour les cotisants. L’objectif étant un accroissement de lisibilité et de solidarité du système ainsi qu’une diminution des frais de gestion.

Il est souvent instructif d’aller voir les modalités de fonctionnement de nos voisins.

Le système de retraite suédois qui est, pour beaucoup l’exemple à suivre, mérite d’être analysé. On y trouve, en effet, des dispositions fort intéressantes tant socialement que financièrement. Par exemple les années passées à étudier ou à s’occuper des jeunes enfants à la maison sont prises en compte pour le calcul des années cotisées, selon un barème moins intéressant que pour les « années travaillées ».

Dans le cadre de la future République occitane, nous devrons proposer une telle valorisation des études et de l’éducation des enfants.

D’autre part, le système suédois conjugue deux régimes obligatoires : un régime de retraite par répartition (à un taux de cotisation de 16%) et un régime de retraite par capitalisation (à un taux de 2,5% des cotisations).

Nous autres, nationalistes occitans, nous devons aussi proposer un système à deux régimes : un régime classique par répartition (où les cotisations des actifs sont instantanément transformées en pensions pour les retraités) accouplé à un régime de retraite « par investissement local». Ce régime de retraite par «investissement local » ne sera pas individualiste mais solidaire, géré automatiquement par une administration ou une annexe de la Caisse Nationale Occitane des Retraites et les fruits de cet investissement local seront redistribués après un certain laps de temps, à l’ensemble des pensionnés.

Les cotisations seront investies non pas dans des fonds de pensions classiques, qui pour la plupart sont très spéculatifs et étrangers au territoire national de l’investisseur, mais investies dans l’économie locale occitane.

Ces cotisations, en plus de générer équitablement une épargne retraite, contribueront à créer et à soutenir des emplois occitans.

A ce sujet, on peut s’inspirer du nationalisme basque d’Herrikoa qui fonctionne comme une société de développement économique local, génératrice de créations d’emplois (à ce jour Herrikoa a crée et soutenu plus de 2500 emplois dans la seule zone du territoire basque nord).

Comme l’allongement (inévitable) de la durée de travail va réduire la part de travail, le défi pour l’Occitanie à venir est la compensation de la diminution de cette part de travail en créant de nouveau emplois, de nouveaux débouchés et de nouvelles cotisations. L’allongement de la durée de travail n’est viable qu’à cette condition.

De surcroît il faut rappeler qu’en Occitanie le problème des retraites est plus délicat à traiter du fait que l’espérance de vie y est plus importante qu’en France et que la durée des retraites s’en trouve augmentée.

En effet, d’après l’INSEE, on vit plus longtemps (et mieux) en Midi-Pyrénées, probablement pour des raisons de culture gastronomique.

En Midi-Pyrénées l’espérance de vie masculine est supérieure de 1,2 an à la moyenne nationale française de l’espérance de vie des hommes.

Ce système en tandem par répartition et par « investissement local » apporte une réponse aux besoins et au particularisme occitan. Il est très certainement l’une des pistes à suivre et à développer pour le bien-être de la population occitane. Enfin, de par son aspect efficace, Il confortera la confiance des individus dans le nationalisme occitan.

Philippe BONNET 04/11/10

Tag(s) : #Tribune libre
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